Du croquis à l’écran : maîtriser l’art du storyboard

Découvrez les challenges de la création d'un storyboard et les points clés de sa réussite.

6 minutes

10 October 2025

Baptiste

Dans le monde de la vidéo, la pré-production est une étape cruciale. C’est elle qui garantit la cohérence et la fluidité du tournage, en posant des bases solides dès le départ. Parmi les outils indispensables à cette phase, le storyboard occupe une place centrale. Véritable fil conducteur, il permet de traduire le scénario en images avant même de sortir la caméra. C’est un support artistique mais surtout organisationnel, qui donne au projet une vision claire et partagée par toute l’équipe.
Un carnet de storyboard dessiné avec un filtre rose dégradé.

Le storyboard, le film avant le tournage.

Le storyboard, c’est un peu la version dessinée du film. Comme une bande dessinée, il enchaîne des cases illustrant chacune un plan. Ce document permet de visualiser la construction du récit, de vérifier la logique des enchaînements et de s’assurer que l’histoire fonctionne à l’image. Chaque plan est représenté par un croquis, plus ou moins détaillé, accompagné de notes : une flèche pour indiquer un mouvement, une annotation pour préciser une intention.

Ce n’est pas un document technique, mais bien un outil visuel et narratif, qui guide la création. Le storyboard a deux objectifs principaux :

  • Faire valider la vision du projet avant de passer à la production, souvent coûteuse. Il permet au réalisateur ou au vidéaste de présenter ses choix au client ou à l’équipe et de s’assurer que tout le monde partage la même direction.
  • Préparer le découpage technique. Là où le storyboard montre visuellement les intentions, le découpage technique précise pour chaque plan les éléments concrets : optiques, angles, mouvements de caméra…

En somme, le storyboard est le point de rencontre entre l’écriture et la mise en image, l’étape où l’histoire prend sa forme visuelle.

Quand utiliser (ou non) un storyboard ?

Si le storyboard est un outil efficace, il n’est pas nécessaire pour tous les projets. Il s’adapte surtout aux formats entièrement écrits et encadrés, où le déroulé du récit est connu à l’avance : courts-métrages, clips, publicités, fictions…

Mais certains types de tournages fonctionnent différemment. Dans le cas d’un documentaire, d’un aftermovie ou d’une captation d’événement, le contenu dépend de ce qui se passe sur le moment. Il est alors impossible de prévoir chaque plan avec précision.

Cela ne signifie pas qu’il faut arriver sur le tournage sans préparation. Même pour un projet plus spontané, il est utile d’avoir une vision d’ensemble. Dans ces situations, on peut s’appuyer sur ce qui est sûr : un planning, une liste d’actions prévues, ou simplement des moments clés à capturer. À partir de là, on prépare une shootlist, une liste des plans ou types d’images que l’on souhaite capturer.

Cette méthode ne remplace pas un storyboard, mais elle offre un cadre de travail. Elle aide à garder une cohérence dans la narration visuelle, à anticiper les transitions et à construire un rythme dans le montage final.

En bref, qu’il s’agisse d’un storyboard complet ou d’une simple shootlist, l’objectif reste le même : donner une structure au tournage et guider la narration à travers l’image.

Créer un storyboard : méthode et conseils.

Une première approche pour créer un storyboard consiste à reprendre le scénario et à le découper chaque fois qu’un nouveau plan est nécessaire — soit pour illustrer une action, soit pour faire ressentir une émotion. Cette méthode permet d’éviter la multiplication inutile des cadrages et d’assurer un rythme visuel clair.

Si vous ne savez pas trop par où commencer pour traduire votre histoire en images, vous pouvez vous appuyer sur un tryptique simple mais efficace : trois échelles de plans essentiels qui garantissent de bien couvrir chaque scène :

  • Le plan large, qui installe le décor et situe le sujet dans son environnement.
  • Le plan moyen, qui montre l’action et les interactions de manière plus détaillée.
  • Le plan rapproché, qui met l’accent sur un élément clé — un regard, un geste, un objet significatif.

Ce trio de plans constitue une base solide pour structurer visuellement un récit et s’assurer que toutes les informations importantes sont transmises au spectateur.

L’important c’est de bien comprendre le scénario et ses intentions. Que veut-on faire ressentir ? Quelle atmosphère doit dominer ? Ces réponses influenceront chaque choix de plan.

Le storyboard ne sert pas uniquement à montrer factuellement ce qui se passe dans le scénario, c’est aussi là qu’on insuffle l’émotion dans l’image. En représentant un personnage seul dans un plan d’ensemble plutôt que dans un plan serré on renforcera le sentiment d’isolement. Pourtant, l’action qu’il réalise reste la même. Tous les choix qu’on va faire traduisent visuellement les émotions du récit.

Une fois les intentions claires, on passe au croquis. Ce qui compte, ce n’est pas la qualité du dessin, mais la clarté de l’idée : même un trait rapide peut suffire à faire passer l’essentiel. Chez Chroma, on aime commencer sur papier, mais pour ceux qui préfèrent travailler sur écran, de nombreux outils facilitent la création de storyboards :

  • Milanote
  • Boords
  • Storyboard That
  • Krock
  • Firefly Boards

Ces plateformes permettent d’organiser ses plans, d’y associer des visuels, des annotations et de partager facilement le résultat avec le reste de l’équipe.

Conclusion

Le storyboard est bien plus qu’un outil de planification : c’est la première concrétisation d’une idée. Il permet de voir, avant le tournage, ce que l’on cherche à raconter et comment on veut le faire ressentir.

Qu’il soit réalisé à la main ou en ligne, il reste un allié précieux pour tout vidéaste souhaitant structurer sa vision et éviter les imprévus. Même lorsqu’il n’est pas obligatoire, réfléchir en images avant de tourner aide toujours à créer des vidéos plus cohérentes et plus fortes.

Prendre le temps de faire un storyboard est une manière de donner à chaque projet une direction claire et une intention assumée. Et c’est souvent là que naît la magie du cinéma !